Dans une banlieue de Los Angeles, résidentielle et déserte, le vieux commissariat du 13ème district est en plein déménagement.

 

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L’électricité et le téléphone ont déjà été coupés quand l’agent de police Ethan Bishop est envoyé en renfort pour transporter les derniers cartons. Dans le même temps, un bus transportant des prisonniers, dont Napoleon Wilson, condamné à mort, est obligé de s’arrêter, précisément dans ce lieu bientôt désaffecté. Et voilà qu’un homme, traumatisé, incapable de parler, vient également y chercher refuge. Les occupants l’ignorent, mais cet homme vient de venger la mort de sa fille en tuant le membre d’un gang. Durant toute la nuit, le commissariat va subir l’assaut de ce gang. Pour son deuxième film, Carpenter rêvait d’une grosse production, afin de revisiter dignement Rio Bravo, son western culte. Des années plus tard, quand on se replonge dans Assaut, on ne peut que se réjouir de son manque évident de moyens. Contraint de revoir ses ambitions à la baisse, le réalisateur a dû se concentrer sur l’essentiel. La tension. Les nerfs. Nerfs qui sont mis à rude épreuve sous les attaques successives de fantômes, de kamikazes anonymes, interchangeables, qui attaquent en se moquant d’y laisser la peau. Retranchés dans leur bunker, les assiégés, alliés improbables, révèlent leurs personnalités autant dans les phases d’assaut, que dans celles, toutes relatives, de répit qu’ils savent fugaces. Extrêmement efficace, politique, Assaut est un uppercut dans la face d’une Amérique qui refuse de voir qu’elle génère sa propre violence. Point de manichéisme ici, point de leçon donnée. Carpenter ne juge pas, il montre. Avec précision. Sans explication. Pas de morale politique ou sociale à laquelle se raccrocher, de lecture du monde qui pourrait rassurer. Le tout sublimé par une bande originale envoûtante, comme toujours composée par Carpenter lui-même. Notons d’ailleurs que son premier album, Lost Themes, vient de sortir, chez Sacred Bones Records. A sa sortie aux Etats-Unis, interdit aux moins de 18 ans, exploité avec des scènes censurées, Assaut n’a pas marché. Old John a dû attendre Halloween, en 1978, puis New York 1997, en 1981, pour qu’on reconnaisse son talent à sa juste mesure. Aujourd’hui, on le sait être l’un des maîtres de sa catégorie, celle d’un cinéma populaire, exigeant, particulièrement créatif, dans un genre qui, faut-il le rappeler, ne saurait s’adresser qu’à un public d’ados en manque de sensations, mais propose une vraie vision du monde.

Marianne Peyronnet