Elle a dix-sept ans et, quittant sa famille d’accueil, elle part sur les routes à la recherche de sa sœur rejoindre ce qui vit la nuit ;
les vampires comme elle, les fantômes, les araignées, les chats-rats. De wagons de marchandise en bagnoles empruntées, elle erre en compagnie d’ados hobos imbibés d’alcool, de sirop pour la toux, de meth. Son Oregon a pour paysages les parkings des chaînes de supérettes et des stations-service, les maisons abandonnées en périphéries des villes, les forêts pleines de spectres. Pluie, froid, crasse, sang, pourriture. Sexe tarifé, vols, il faut bien survivre et penser, des fois, à s’alimenter. Concerts de hardcore, il faut bien se distraire, extraire son esprit de ses obsessions sombres. Se crée-t-elle de faux souvenirs, raconte-t-elle une vérité ? Ce voyage halluciné, psychédélique, le rêve-t-elle, le vit-elle ? Telles des pensées surgissant d’un esprit sous acide, les idées et les faits s’enchainent sans réelle logique, jetés sur la page, heurtant notre soif de comprendre. Hermétique puis limpide, tour à tour expérimental ou prosaïque, Ce qui vit la nuit, texte culte proposé pour la première fois en version française, se mérite. Il faut accepter de se laisser happer, passer au-delà de l’inconfort, pour en apprécier pleinement la poésie noire et brutale.
Marianne Peyronnet