Un week-end à la mer, c’est toujours une bonne idée.

 

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D’ailleurs, Adèle et Julien l’ont eue en même temps, chacun de leur côté. Pressés par l’horaire, ils se cognent l’un à l’autre dans le hall de la gare et, bien entendu, se trompent de valise...

De cette vieille ficelle de la comédie romantique, François Ayrolles, malicieux, va tirer un tout autre parti, son souci n’étant manifestement pas d’amener ses personnages au pied de l’autel mais, bien au contraire, de tout faire pour les empêcher de se croiser à nouveau. Hasard ou nécessité, les jeunes gens fréquentent pourtant les mêmes personnes et les mêmes lieux mais jamais au même moment, toujours avec un léger décalage qui les amène à se manquer de peu, à l’instant même où la situation semblait devoir se dénouer. Entre contretemps, avanies, running gags et chausse-trappes, François Ayroles multiplie les peaux de bananes sous les pieds de ses malheureux et résilients personnages comme d’autres les pains et les poissons. Et tout aussi miraculeusement ! Car, Oubapien de la première heure – l’un des plus conséquents avec Étienne Lécroart et Lewis Trondheim – François Ayroles est aussi l’un des rares à savoir dépasser l’expérimentation pure, même brillante (qu’on songe par exemple aux 676 apparitions de Killofer) pour mettre les techniques de la bande dessinée sous contrainte au service d’un récit qui vaut pour lui-même et non pour nourrir une démonstration. Si inventives et passionnantes puissent être ses recherches, l’OuBaPo reste un laboratoire, petit cousin du fameux OuLiPo : comme tel, il n’est pas toujours mauvais d’en sortir pour aller prendre un bol d’air. Qu’il soit iodé ne gâte rien et celui de la petite station balnéaire où François Ayrolles a choisi d’aller faire tourner manège à ses malheureux estivants s’avère particulièrement roboratif. En témoigne cet album en marinière à la grâce primesautière et très « nouvelle vague » qu’un Jacques Rozier, en son temps, n’aurait pas dédaigné.

Yann Fastier