Jimmy a onze ans. Ses parents ont divorcé et son père est parti sans laisser d’adresse.

 

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Il n’a pas d’amis parce qu’il est très fort à l’école et pas du tout en sport. L’unique chose valable dans sa vie, c’est sa collection de flippos, des vignettes qu’on trouve dans des paquets de chips. Il ne vit que pour ça jusqu’au jour où Tristan, réfugié du Kosovo, arrive dans sa classe en milieu d’année. La maîtresse lui confie le jeune Albanais. Jimmy prend très au sérieux son rôle d’éducateur et cette nouvelle amitié transforme son existence, au point qu’Il « entend bien n’échanger son tout nouveau copain contre rien au monde. »

Lize Spit fait revenir le lecteur dans le village fictif de Débâcle, son premier roman qui avait fait forte impression. Elle décentre légèrement son propos en proposant ici, en plus d’une peinture d’une petite communauté de Belgique flamande, le portrait d’enfants au lieu d’ados. La tension demeure la même et le dénouement conserve la même efficacité glaçante, tant il s’avère indécelable autant que désespérant. On se doute que quelque chose de terrible va se passer à partir du moment où la famille albanaise est menacée d’expulsion et où Tristan demande à Jimmy de l’aider à réaliser son plan pour pouvoir rester.

Jimmy est d’une fidélité absolue, d’un dévouement sans limite, même s’il a du mal à comprendre tous les enjeux qui se dessinent et qui dépassent si largement le désagrément de ne pas arriver à terminer une collection. Lize Spit fait montre d’un talent immense pour nous faire pénétrer la psyché de son personnage principal, ses attentes, ses angoisses, ses questionnements. A hauteur d’enfant, elle déroule un récit court mais bouleversant à mesure que Jimmy, tout en délicatesse et en mots simples, gagne la confiance du jeune réfugié, traumatisé par l’exil, les tortures, les mois de marche à travers l’Europe. Les adultes sont comme un monde à part, des oiseaux de mauvaise augure, des allégories d’horreurs extérieures jusque-là, ils ne sont d’aucune aide. Les deux garçons, si différents, communiquent avec peu de paroles, se dévoilent par les jeux, avant de n’être plus bientôt que des victimes collatérales de la brutale injustice des Hommes.

Marianne Peyronnet