C’est un petit livre qui n’a l’air de rien. Un texte court, avec des mots simples dedans.

 

Sécurité. Pour accéder au portail de votre bibliothèque, merci de confirmer que vous n'êtes pas un robot en cliquant ici.

Des mots qui, mis ensemble, claquent, bousculent. C’est l’histoire d’une femme qui trotte vers le nord, vers le blanc. Elle cherche à effacer les taches qui ont souillé son existence. Elle fuit l’homme chien. Elle a peur. Elle veut mettre le plus de distance entre eux. Alors, le nord du monde, le plus au nord possible du monde est une évidence. Il y a le froid, l’inconnu. Personne n’a envie d’aller au nord du monde. L’homme chien ne l’y suivra pas. En route, elle fait des rencontres, des haltes. Elle connaît des hommes. En chemin, elle vole un enfant. Nathalie Yot trouble. Ses phrases prennent sens, derrière les mots, au-delà des mots. Car si la narratrice parle peu, cela suffit pour comprendre les cris, les coups sûrement, le vide qui fait basculer. Le lecteur remplit les blancs, comble le passé à travers un présent prosaïque, fait de longues marches, de pieds écorchés, de corps qui souffrent. Toujours plus au nord. Lille. Bruxelles. Un fjord en Norvège. Des hommes sur sa route, dans sa chair, qui la malmènent parce qu’elle le veut, des fois. Et l’enfant, neuf ans. Son petit homme. Son amour. Son obsession. La langue de Nathalie Yot est elliptique, sûre, poétique. Pas une poésie qui déclame. Pas faite de chants d’oiseaux et de prés verdoyants. La sienne sent le macadam. Elle est aussi dure que les trottoirs sur lesquels se couche la misère, aussi rude que le sont les hommes avec les femmes qui trottent. Nathalie Yot choque et bouleverse. Son nord du monde est tout à fait au bout du monde, là où il n’y a plus rien après, que le saut dans le gouffre, la perte des repères. L’héroïne atteint-elle le bord du monde comme on atteint les limites ? Est-elle au bord de la folie ? Qui pour juger sa quête ? Où poser les sens interdits ? Permettent-ils de prévenir la chute ? Nathalie Yot se garde de répondre et nous laisse faire notre propre chemin, vers le nord.

Marianne Peyronnet