Ce roman d’aventure commence de manière un rien téléphonée :

 

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l’arrivée à Bluff Harbour, aux confins sud de la Nouvelle Zélande d’un étranger en rupture de bancs. L’étranger qui révèle un territoire et une population inconnue est un ressort un rien usé de la littérature d’aventure. Mais il ne faudrait pas s’arrêter à cette première impression, Bluff est un bon roman.

Les personnages principaux sont deux polynésiens : un pêcheur maori, propriétaire de son bateau et son matelot, immense tahitien, qui se risquent dans une mer ultra dangereuse pour ramener de la langouste. L’enjeu est de taille puisqu’il faut prendre de vitesse les unités de pêche australiennes qui font baisser les cours du crustacé dès qu’elles entrent dans la danse.

Il faut donc sortir en mer alors que la saison réserve encore de furieuses surprises et prendre des risques, toujours plus de risques. En quelques semaines, la saison est faite, bonne ou mauvaise mais engageant l’avenir de ces hommes qui ne rouleront jamais sur l’or et dont le principal luxe est de rester vivants.

Cette année-là, la langouste se fait rare et c’est l’occasion pour l’auteur d’évoquer la vie de ces bestioles que nous aurions un peu trop rapidement tendance à considérer comme de la matière première.

Enfin, quelques belles pages de ce roman font références à la science de la navigation polynésienne, une science empirique, transmise de génération en génération. Il faut repérer les aptitudes et cultiver sens de l’orientation et sens des mouvements profonds de l’océan, des courants, connaissance des étoiles de ceux qui deviendront les navigateurs. Avant l’avènement du GPS, la responsabilité de ces navigateurs était importante : l’estime doit être très précise, les distances entre les terres sont immenses et nombre d’entre elles ne dépassent le niveau de la mer que de quelques mètres.

Marc Guillerot